Construire une démocratie digne de ce nom

Extrait du programme de François Bayrou

 

Celui qui souffre le plus en France, c’est le citoyen. Celui qui voudrait être un citoyen de plein exercice dans une démocratie de plein exercice.

Un citoyen, c’est un responsable. Or, tout est fait pour priver le citoyen de son droit à la responsabilité. Et d’abord de son droit à la compréhension de ce que nous vivons.

Le but d’une démocratie, selon moi, c’est de hisser, de hausser l’électeur jusqu’au niveau de citoyen, de le porter « jusqu’à la conscience et à la responsabilité ».

La démocratie telle que nous la vivons en France, je devrais dire telle que nous la subissons, elle fait honte. D’abord parce que personne n’explique au pays les enjeux de la situation que nous traversons. Même quand le pouvoir gagnerait à expliquer et à défendre ce qu’il fait.

Il faut à la France un président indépendant.

On découvre que, dans les antichambres et les bureaux du pouvoir le plus important, le plus éminent en France, se livrent des guerres de trafiquants d’armes, de corrupteurs au nom des industriels et au nom de la France.

On prétendait que les voyous étaient dans les cités et qu’on allait les nettoyer au Kärcher ? On découvre qu’en réalité les voyous, les truands, les trafiquants, on les a installés au cœur de l’État !

Permettez-moi de dire que dans la ténébreuse affaire Tapie, s’il n’y avait pas eu ces magistrats et leur défense du droit, peut-être aurions-nous eu raison, mais nous n’aurions pas pu faire entendre raison.

Il faut en 2012 un président de la République qui n’ait de compte à rendre à aucun de ces réseaux, qui n’ait de dépendance et d’accointance avec aucune des influences qui se sont déchainées au sein de l’État depuis des décennies, sous les deux partis alternativement majoritaires.

Ce président de la République qui portera la volonté de changement, d’assainissement, de reconstruction civique des citoyens, il devra en premier lieu conduire le changement des Institutions.

Je suis pour que la Justice soit reconnue en France comme un pouvoir à part entière dans la République.

Je suis pour que la presse soit indépendante et que soient coupés tous les liens de dépendance économique et politique qui visent à la soumettre. Je suis en particulier pour que les responsables de l’audiovisuel public ne soient plus désignés par le pouvoir.

Que tous les français soient représentés à l’Assemblée Nationale.

Je suis pour que le pouvoir législatif retrouve sa liberté de jugement et d’expression. Je suis donc pour qu’enfin en France une loi électorale juste garantisse à tous les citoyens leur droit à la représentation, leur droit au pluralisme.

Alors on me dira : « Vous voulez mettre les extrêmes à l’Assemblée ! » Je l’assume, j’affirme que je ne le crains pas. Je préfère combattre en pleine lumière et en pleine clarté les thèses que je réprouve, que je trouve dangereuses et offensantes plutôt que de les voir cheminer dans l’obscurité et ronger le cœur même de la vie civique.

Et il faudra mettre un terme au cumul des mandats de parlementaires, au moins de députés avec les fonctions exécutives d’élu local.

Cesser de faire des dettes de fonctionnement

Pour une démocratie digne de ce nom, il est une règle simple. Il faut cesser de faire des dettes. Il faut apurer le bilan. Car ce n’est pas une démocratie digne de ce nom que celle qui honteusement met à la charge de ses enfants son train de vie élémentaire et ses gabegies.

Nous avons été les premiers en France, en tout cas parmi les premiers en Europe, à défendre l’idée d’une règle d’or. La règle d’or, c’est une idée simple. C’est l’idée que l’on peut, certes, s’endetter pour investir, mais qu’il ne faut pas s’endetter pour le fonctionnement courant de l’État. C’est ce qui devra être adopté en France.

Un président qui dise la vérité aux français.

Sans changement dans l’exercice du pouvoir, le rassemblement nécessaire pour porter un projet nouveau est impossible. Certains diront : c’est la VIe République. D’autres affirmeront au contraire : la Ve retrouve ses principes.

Enfin le président se donne pour mission de garantir que le pouvoir dit la vérité au pays. Ce devrait être la mission la plus précieuse d’un président des temps nouveaux d’expliquer et d’expliquer encore. Ce ne sont pas, contrairement à ce que croient les initiés, des problèmes pour les experts. Ce sont des problèmes pour les citoyens. C’est leur vie qui est en jeu et on leur doit la vérité.

Voilà le contrat démocratique par excellence. Et c’est le président qui doit le garantir.

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